Historia
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Superbe, sulfureux, inspirant : le Palais-Royal fut longtemps le cœur palpitant de la capitale. Parcourez les quatre siècles d’Histoire de ce monument parisien emblématique !
En 1624, Armand du Plessis, plus connu sous le nom de cardinal de Richelieu, est nommé chef du Conseil de Louis XIII. Afin de loger à proximité du Louvre, où vit le souverain, il acquiert l’hôtel de Rambouillet, aujourd’hui disparu. Il entame ensuite de grands travaux : la résidence doit être somptueuse, digne de son rang ! Le Cardinal est effectivement un haut-dignitaire de l’Église, en plus d’être le Premier ministre du Roi.
L’architecte Jacques Lemercier fait réaménager de luxueux appartements et construit de nouveaux bâtiments. Féru d’art, le Cardinal fait installer deux galeries de peinture, dans l’aile sud-ouest et dans l’aile nord-ouest. Quant à l’aile sud-est, elle accueille une salle de théâtre à partir de 1637. Sous Louis XIV, Molière y donnera l’intégralité de ses pièces, tandis que Jean-Baptiste Lully y jouera ses opéras !
À sa mort, en 1642, Richelieu lègue son palais à Louis XIII, qui décède à son tour l’année suivante. Anne d’Autriche, reine de France et nouvelle régente du royaume, s’y installe alors avec ses deux fils, les jeunes Louis XIV et Philippe d’Orléans. Le Palais-Cardinal devient alors le Palais-Royal !
Malheureusement, la famille royale en garde de mauvais souvenirs. Dans la nuit du 5 janvier 1649, elle doit quitter précipitamment les lieux pour se réfugier à Saint-Germain-en-Laye. La raison de cette fuite ? La Fronde parlementaire, une révolte menée par les magistrats du Parlement de Paris qui veulent imposer une monarchie modérée. Le jeune Louis XIV n’oubliera jamais cette nuit terrifiante, qui le poussera, plus tard, à délaisser le Palais-Royal et Paris au profit de Vincennes, puis de Versailles.
En 1692, le palais revient au duc d’Orléans, frère de Louis XIV. Lorsque celui-ci décède, en 1715, son neveu, Philippe d’Orléans, est désigné régent du royaume. Jusqu’en 1722, année du couronnement de Louis XV, l’édifice est au cœur de la vie politique et artistique. Il accueille en continu fêtes et soupers somptueux. C’est l’âge d’or du Palais-Royal !
En juin 1781, un incendie ravage le bâtiment abritant l’Opéra. La même année, Louis-Philippe d’Orléans confie à Victor Louis le soin de construire de nouveaux bâtiments, dont les rez-de-chaussée pourraient être loués à des commerçants. Son ambition ? Faire du Palais-Royal un lieu incontournable !
Les lotissements sont établis sur trois côtés des jardins et agrémentés de galeries. Chacune porte le nom d’un fils du Duc : Valois, Montpensier et Beaujolais. En 1786, l’architecte entreprend aussi la création d’une nouvelle salle de théâtre, dont le nom est devenu mythique. Avez-vous deviné ? Oui, il s’agit bien de la prestigieuse Comédie-Française !
Adepte des idées philosophiques des Lumières, Louis-Philippe d’Orléans est ouvertement hostile à son cousin, le roi Louis XVI. Avant même que la Révolution française n’éclate, le Palais-Royal prend des allures d’« anti-Versailles ». Le 12 juillet 1789, c’est d’ailleurs là que le journaliste Camille Desmoulins apprend le renvoi de Necker, le ministre des Finances, par Louis XVI. Grimpant sur une table, il exhorte la foule à prendre les armes. La colère enfle et se répand dans la capitale : deux jours plus tard, le peuple s’empare de la Bastille !
Après un exil de quelques mois en Angleterre, Louis-Philippe d’Orléans revient en France. En 1792, il est élu député de Paris à la Convention et prend le nom de « Philippe Égalité ». Le palais, lui, devient un lieu central de la vie publique. Derrière ses façades, se tiennent magasins, ateliers, cafés et prostituées. Tout Paris s’y donne rendez-vous !
En 1814, le domaine appartient au futur roi Louis-Philippe. Celui-ci fait construire la luxueuse galerie d’Orléans. Avec ses 24 boutiques, sa verrière et son éclairage au gaz, elle inspirera plus tard la mode des passages couverts à Paris.
Le Palais-Royal est alors une ville dans la ville. Désormais, plus de 400 boutiques sont disséminées sur le domaine, aux côtés de théâtres, de restaurants, de maisons de jeu et de maisons closes. Imaginez un peu : c’est l’effervescence du luxe et de la débauche ! Cette frénésie, immortalisée par Balzac dans sa Comédie humaine, prend fin en 1836 avec la fermeture des salles de jeu.
En 1848, la Révolution éclate et le roi Louis-Philippe est destitué. Le Palais-Royal, lui, est saccagé et pillé, avant de devenir la propriété de l’État. En 1871, un incendie ravage les bâtiments pendant la Commune de Paris. L’édifice est restauré et devient le siège du Conseil d’État quatre ans plus tard.
Après le Conseil d’État, il accueille d’autres institutions, comme le Conseil constitutionnel en 1958. En 1959, c’est au tour du ministère des Affaires culturelles d’y installer ses bureaux, sous la direction d’André Malraux. Il s’y trouve toujours aujourd’hui, logé dans l’aile de Valois.
Au XXe siècle, le charme des lieux attire les écrivains, comme l’autrichien Stefan Zweig, qui séjourne au n°15, rue de Beaujolais en 1912. Colette, elle, emménage au n°9 en 1926. Elle y revient définitivement en 1938, y rédigeant la majeure partie de son œuvre. De son côté, Jean Cocteau vit avec Jean Marais au n°36, rue de Montpensier, entre 1940 et 1947.
À la fin du XXe siècle, le jardin du Palais-Royal prend une nouvelle dimension avec l’installation d’œuvres d’art contemporain. Le sculpteur Pol Bury a ainsi créé deux fontaines cinétiques reflétant le palais. Michel Goulet a fait d’objets de jardin des supports poétiques invitant à la rêverie avec Les Confidents. Enfin, Daniel Buren a inauguré dans la cour d’Honneur ses Deux Plateaux, aux colonnes rayées noir et blanc. Celles-ci, surnommées les colonnes de Buren, sont désormais l’un des symboles de Paris !
Aujourd’hui, le Palais-Royal est ouvert à la visite par le Centre des Monuments nationaux. Vous pouvez toujours profiter du jardin pour flâner ou encore papoter, et tout cela gratuitement !